Du 8 au 10 juin avait lieu la 4e édition du
Festival du livre de la
Canebière, non seulement sur le square Léon Blum en haut de l’avenue, mais
aussi au pied du Fort Saint-Jean, sur le voilier Le Don du vent au Vieux-Port
et sur l’archipel du Frioul. Des ateliers, expos ou rencontres étaient
également programmés dans divers lieux culturels de la ville. Bref, même si
vous n’habitiez pas aux environs de la Canebière, vous aviez des chances
d’entendre parler de livres, à plusieurs carrefours marseillais !
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Zarafa version pop |
Le festival est organisé par l’association marseillaise
Couleurs
Cactus, qui agit « socioculturellement » afin de mélanger un peu
les gens, et particulièrement les habitants aux artistes. Un festival ouvert au
vent du large puisque les thèmes abordés cette année étaient les mouvements
migratoires, le métissage social et culturel et les lieux de transit. Des
auteurs et des éditeurs venus d’ici et d’ailleurs étaient donc présents pour
parler de l’Autre à la 1re ou à la 3e personne.
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Sous la tente des rencontres |
Dans le périmètre de la Canebière, il y avait déjà beaucoup
à découvrir et j’ai rapidement été plongée dans le vif du sujet, car sous la
tente des rencontres une vraie polémique était en cours quand je suis arrivée.
L’auteur François Devenne était là pour parler de son livre La Nuit d’Ivoire (Actes Sud, 2011), un
roman d’initiation dont l’action se passe au Kenya, qui met en scène deux
jeunes garçons, l’un du pays Massaï et l’autre de Nairobi. Le débat portait sur
l’objectivité de l’auteur dans la description d’exactions, sur l’absence de
moralité dans la littérature et sur la position anthropologique consistant à
essayer de comprendre des faits en oubliant son point de vue occidental. La
rencontre a donné lieu à un débat passionnant entre l’auteur, le médiateur et
le public et m’a donné envie de lire le livre.
Ensuite, j’ai flâné du côté des stands de livres, et je suis
tombée sur « L’espace livre numérique » où deux gentils jeunes gens
proposaient au public de tester dans des poufs colorés un iPad sur lequel
étaient chargés des ebooks. (Pas de liseuse curieusement, pourtant économiquement
plus accessible au public qu’une tablette.) Les animateurs m’ont expliqué
qu’ils ont rencontré un vif succès avec les classes accueillies le vendredi.
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Les animateurs de "l'espace livre numérique" |
Un peu plus loi, oh surprise ! Des membres du
Art Book Collectif (ABC),
Maria et Riton, étaient là. C’est le collectif qui est à l’origine de la
présence de Zarafa et de son girafon Marcel sur la Canebière. Certains d’entre
vous ne les connaissent peut-être pas. Ces sculptures sont situées en haut de
la Canebière, et dans le ventre du girafon, on peut déposer des livres et en
prendre. C’est une des trois bornes de dépôt du Art Book Collectif, les 2
autres étant le ventre du Rhinocéros bicorne du Frioul et celui de la Sirène du
Théâtre Silvain (7e arrondissement). Le principe, vous l’aurez compris est
celui du book crossing, mais eux lui préfèrent le terme de
« livre-échange ». Ca tombait bien, j’étais d’humeur troqueuse :
j’ai déposé dans la borne-cadre (une borne nomade)
La Délicatesse de Foenkinos, acheté 1 € au vide-grenier de mon
quartier, je n’ai pas du tout aimé cette histoire d’amour bureautique, mais
c’est un livre qui plaît aux gens paraît-il… En échange j’ai pris
Immensités de Sylvie Germain dont
j’avais tellement aimé
Magnus. À l’intérieur,
une étiquette m’informe qu’il provient du ventre du Rhinocéros, un livre
insulaire, je ne sais pas pourquoi, mais ça me plaît, en voilà un qui a
voyagé ! Je précise qu’en temps normal on n’est pas obligé de donner pour
prendre (oui je sais on n’est pas habitués) et que l’étiquette n’est pas
indispensable. C’est ça le « livre-échange » !
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Maria et Riton membres du Art Book Collectif
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"Ce livre a été libéré dans la borne de livre-échange Zarafa et Marcel de la Canebière à Marseille/par.../date..." |
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Zarafa et Marcel en arrière-plan |
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Le livre que j'ai pris vient du Frioul ! |
Je repars bien contente de ces découvertes et de ces
rencontres, ayant passé un bon moment dans un lieu dans lequel je ne fais
souvent que passer. En cette journée électorale, je me sens un peu plus
habitante de mon quartier, ce n’est pas rien.
(Juin 2012)