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Les Assises Internationales du Roman à Lyon

Ce billet est une contribution amicale de Candy de Lyon qui a accepté de rapporter pour Les P’tites Notes ses impressions sur cet événement. Merci à toi Candy !


Assises internationales du roman à la Villa Gillet

Les Assises internationales du roman se sont déroulées du lundi 28 mai au dimanche 3 juin 2012 à Lyon. J’ai assisté à 3 rencontres/tables rondes : la soirée d’ouverture du festival littéraire, la rencontre intitulée « la corruption et la politique dans la littérature », et la rencontre avec William T.  Vollman.

La soirée d’ouverture portait sur le thème « chercher la vérité dans le roman » et se déroulait sous la forme d’une table ronde composée de 3 auteures : Catherine MILLET, Camille LAURENS et Lydia FLEM. La rencontre était animée par la journaliste Raphaëlle Rérolle, responsable du Monde des livres. Beaucoup de discussions intéressantes autour du thème de la vérité sur le roman, à quoi sert cette vérité, pourquoi la dévoiler, à quel prix ? Je comprends que pour ces auteures, la vérité n’est pas tant dans la manière de se dévoiler que celle de se chercher. Ainsi, Camille Laurens ressent le besoin d’écrire suite à la perte de son enfant. L’écriture représente non pas un étalement de sa souffrance, mais une manière de prendre une distance avec cette vérité trop douloureuse. Catherine Millet, lorsqu’on lui demande « pourquoi avoir choisi votre vie intime comme sujet » répond qu’elle ne l’a pas choisi par impertinence, mais par besoin, et que l’écriture lui semblait naturelle. Elle a toujours su qu’elle écrirait, le sujet n’était pas prédestiné, il est venu à elle. Cependant, là encore il ne s’agit pas d’étalement, au contraire : l’écriture sert à dévoiler une vérité, aussi intime soit-elle, sans chercher la vulgarité ou le scandale. L’écriture est au fond le moyen de se trouver et reste pour Catherine Millet le seul moyen de regarder la vérité en face (si l’on ne compte pas son psy à qui elle peut parler sans se cacher).

Pourquoi êtes-vous pauvres de William T. VollmannLe dimanche, je suis allée voir ce qui était annoncé comme LE rendez-vous à ne pas manquer de ce festival littéraire : la rencontre avec un écrivain peu connu en France, mais qui a eu de multiples prix outre-Atlantique : William T. Vollman, auteur de Le Livre des violences aux éditions Actes Sud. Cet auteur est surprenant, autant par l’entrée qu’il fit (dans le cadre prestigieux de la Villa Gillet, l’arrivée d’un auteur en tee-shirt et sac à dos a été remarquée !) que par ses paroles brutes, les sujets sur lesquels il était sensible et son désir de montrer que les catégories « à l’écart » ne sont pas misérables et détestables : les sans-abris, les prostituées, les drogués. L’auteur a cherché à comprendre ces catégories, révéler leur pauvreté et surtout à dénoncer un système, sans pour autant taper sur son pays, les États-Unis. Lorsque Raphaëlle Rérolle lui demande pourquoi il s’attache aux prostituées et aux drogués, il évoque des raisons personnelles, psychologiques : la mort de sa petite sœur noyée sous ses yeux alors qu’il devait la garder. Il avance donc en ayant cette faiblesse et cette culpabilité, aujourd’hui, et ne porte aucun jugement sur les gens en faiblesse ou mis à l’écart. Il cherche simplement à comprendre, à « rendre compte du réel ».

Raphaëlle Rérolle questionne William T. Vollman

Un très bon festival littéraire, de belles rencontres, même si ces rencontres se sont déroulées dans un lieu assez fermé et prestigieux : la Villa Gillet. Petit bémol sur certaines rencontres, comme « La corruption et la violence en politique » sujet annoncé comme brûlant, surtout au regard des auteurs invités et qui s’est avéré être un échec. En effet, une table ronde dirigée par deux journalistes qui n’avaient visiblement aucune envie d’être à leur place à ce moment-là, jusqu’à partir avant la fin de la table ronde.