Je n’ai pas cherché les librairies new-yorkaises à
proprement parler, je suis tombée dessus, enfin sur quelques-unes. Ce n’est pas
une légende, par rapport à d’autres pays, la France a un réseau de librairies
beaucoup plus dense. Enfin, ce n’est pas parce que c’est mieux chez nous qu’il
ne faut pas aller voir ailleurs. Booouh le méchant chauvinisme, c’est mal je
sais. La vérité c’est que j’aime beaucoup cette ville et qui aime bien châtie
bien ! Et d’ailleurs, ceci dit, si j’ai vu peu de librairies, celles dans
lesquelles je suis entrée m’ont plu. Voici donc quelques impressions sur ces
bookstores new-yorkais !
Barnes & Noble de Greenwich |
La librairie américaine la plus connue en France est Barnes
& Noble. Il s’agit d’une chaîne comptant environ 800 magasins dans le pays,
le premier s’étant implanté à New York dans les années 870 (aujourd’hui une
dizaine dans la ville). Certaines librairies ont un espace café, mais pas celle
où je me suis rendue à Greenwich Village, au croisement de 8th street et de
l’Avenue of the Americas. En France, on parle du Nook qui est la liseuse de
B&N et surtout de la technologie Glowlight qui a initié l’éclairage des
liseuses (procédé aujourd’hui adopté progressivement par les fabricants de
liseuse). B&N vend des jeux, de la presse et édite, un peu à la manière de
France Loisirs, des classiques de la littérature dans de belles éditions en dur
(appelées hardcovers), mais aussi en
format poche (appelés paperbacks).
D’ailleurs, avant de devenir un des leaders du commerce en ligne, la librairie
pratiquait déjà largement la vente par correspondance. J’ai pu tester le Nook
dont l’éclairage réglable apporte effectivement un confort de lecture
supplémentaire. Mais j’ai été un peu déçue par la librairie qui n’est pas très
rock’n roll, je sais que ce n’est pas ce qu’on demande à une librairie, mais
celle-ci sentait carrément la naphtaline !
La presse en vente dans la librairie B&N |
Le Nook et son système d'éclairage |
Quelques jours plus tard, au Chelsea Market, juste en dessous de la géniale promenade de la High Line, je suis tombée par hasard sur une très sympathique librairie indépendante new-yorkaise, Posmanbooks (trois librairies à NY). Son fonds est dédié à la littérature contemporaine, à la jeunesse et à la cuisine. Elle organise régulièrement des rencontres, a aménagé des espaces confortables pour les enfants et possède une belle offre en papeterie. La librairie draine une clientèle assez branchée et plus jeune d’au moins trente ans que B&N. Une chouette découverte.
Posmanbooks au Chelsea Market |
Le dernier livre de P. Auster : ses mémoires |
Des livres et de la papeterie |
Les mêmes usages chez les libraires |
Enfin, j’ai passé un long moment dans les rayons du Library
Shop de la New York Public Library (5 th avenue – 42nd street), une des
plus grandes bibliothèques du monde. L’architecture du Schwarzman Builging (un
des très nombreux bâtiments composant la NYPL) en impose vraiment, mais il se
visite et son accès est très libre : « the Library has but one
criterion for admission: curiosity », peut-on lire sur son site internet.
J’ai donc vu sa fameuse gigantesque salle de lecture au troisième étage ainsi
que son exposition Lunch
Hour (sur les usages liés au déjeuner à New York depuis 150 ans). Tout
autour de la bibliothèque, dans le Bryant Park des chaises, des tables sont
mises à la disposition des New-Yorkais qui investissent convivialement les
lieux.
Et donc ! Dans cette bibliothèque se trouve une librairie – Library Shop. Mon attention a été captée par le rayon consacré aux pratiques de lecture et surtout d’écriture, rempli de manuels sur l’art d’écrire un livre et particulièrement des fictions. Car il s’agit d’une discipline universitaire aux États-Unis : à l’université de Columbia on peut en effet suivre un « creative writing program ». Peut-on apprendre à écrire un roman ? Cette idée heurte notre conception européenne romantique de l’écriture. Mais les Américains conçoivent l’écriture d’un roman comme un exercice de style, convenant tout à fait à un cadre universitaire. Pour me faire une idée, j’ai acheté un livre intitulé The writer little help, sorte de manuel de dramaturgie grand public, technique, conseillant l’apprenti romancier sur la construction d’un dialogue ou la structure d’une intrigue, mélangeant bons sens et check-lists… Bref ce livre est un ovni. Mais ne parle-t-on pas de codes caractérisant les genres littéraires ? Pourquoi ne pas les théoriser et les apprendre, après tout ? Il sera toujours temps de les contourner.
À ce propos, je ne résiste pas à l’envie de vous faire lire
cet extrait très comique du livre de David Lodge, Changing Places (Changement
de décor, éditions Rivages) que Mathilde, lectrice des P’tites Notes a eu
la gentillesse de me transmettre.
Dans le chapitre 2 (« Settling »), Le
Professeur anglais Swallow arrive aux États-Unis dans le cadre d’un échange
interuniversités. Sur le campus, il tombe sur un futur élève potentiel, Willy
Smith qui lui apprend qu’il est censé reprendre pour un semestre le cours
d’écriture de roman du professeur Zapp :
« What is it you want to see me about, Mr Smith
— You’re teaching English 305, next quarter, right ?
— I really don’t know what I’m teaching yet. What is English
305 ?
— Novel-writing.
Philip laughed. ‘Well, it’s certainly not me, then, I
couldn’t write a novel to save my life. ’
Wily Smith frowned and, plunging his hand inside his combat
jacket, produced what Philip feared might be a bomb but which turned out to be
a catalogue of courses.
— English305, he read out, an advanced course in the writing
of extended narrative. Selective enrolment. Winter Quarter : Professor Philip
Swallow.’
Philip took the catalogue from his hands and read for
himself. ‘Good Lord’, he said weakly. ‘I must stop this at once’
Une dernière petite référence : le site de l'Underground New York
Public Library qui se présente comme une bibliothèque virtuelle de
photos prises dans le métro de NY de gens en train de lire... Enjoy !
La librairie de la bibliothèque |
Des livres sur l'écriture |
Et sur l'art d'écrire un roman |