Ça faisait longtemps que je voulais participer à un atelier
d’écriture, pour voir. Mais j’avais toujours une petite appréhension qui me
faisait hésiter. Je n’étais pas sure de vouloir écrire des textes littéraires
et j’étais encore moins sure de vouloir le faire en groupe. Mais l’occasion
s’est présentée et cette fois-ci je me suis rendue à l’Alcazar à l’un des ateliers de
Claude Veysset et Julie Villeneuve de la compagnie du Facteur indépendant,
auteurs et interprètes du spectacle Rouge
comme… (Cette « réécriture onirique drôle et grinçante du
conte Le Petit Chaperon rouge »
sera jouée le 29 mars à 18h30 à la bibliothèque.) Leurs ateliers ont lieu
jusqu'au 23 mars (mercredi et vendredi) dans le cadre du Printemps
des poètes dont le thème retenu cette année est la part d’oralité de
la poésie (« Les voix du poème »), ils durent deux heures et sont
gratuits.
De l’appétence et de la sympathie
J’ai assisté à la troisième séance, où nous étions sept
participants. Une des choses qui m’ont marquées, c’est l’appétence des gens
pour l’écriture : le désir de trouver ses propres mots, d’écrire de
manière libre, d’être surpris ou encore d’exercer son style dans le cadre d’un
projet d’écriture plus personnel. Telles furent les motivations évoquées quand
on se présentait. Une autre chose importante fut tout bêtement la sympathie des
gens les uns à l’égard des autres, l’écoute dont ils ont fait preuve et la
bonne humeur, car on a vraiment bien rigolé.
Claude Veysset et Julie Villeneuve, animatrices de l'atelier |
Oralité et histoires archaïques
Mais entrons dans le vif du sujet, ce qui est important pour
Claude et Julie, c’est justement l’oralité, la porosité de l’univers de chacun
et comment l’écoute de la parole d’autrui peut influencer mon écriture, mais
aussi ce qui est écrit ensemble à partir d’un pivot commun ou encore comment
l’écriture puise dans l’expérience. Et elles sont passionnées par les histoires
archaïques, concept fascinant dont j’avoue avoir découvert l’existence pendant
l’atelier (théorisé par le philosophe Marc Soriano). Il s’agit de versions
orales des contes, ayant précédé celles des frères Grimm ou Perrault, moins
édulcorées, plus « problématiques et symboliques », des histoires
originelles qui parlent à tout le monde. C’est en travaillant sur le conte
du Petit Chaperon rouge avec
des personnes handicapées mentales qu’elles ont eu l’idée d’exploiter les
interprétations orales de chacun pour réécrire ce conte et sonder sa puissance
poétique.
De l’influence mutuelle de l’oralité et de l’écriture
Vendredi dernier donc, elles nous ont proposé d’écrire en
suivant cette piste de l’influence mutuelle de l’oralité et de l’écriture. La
première consigne fut de retranscrire telle qu’on l’entendait l’histoire que
l’un d’entre nous racontait. Les deux histoires entendues étaient vraiment très
belles et racontées avec beaucoup d’humour : la première racontait une
expérience quasi métaphysique et l’autre une expérience traumatisante de
l’enfance. Il fut très drôle de constater à la lecture de nos textes que nous
n’avions pas tous entendu la même chose, que les textes étaient soit
théâtrales, soit poétiques ou plutôt narratifs… Ce qui m’a marquée fut
l’aptitude de chacun à « jouer » et interpréter son texte, et à juste
titre puisqu’il s’agissait de retranscriptions d’une histoire orale ! La
deuxième consigne fut d’écrire un texte en imaginant qu’il serait destiné à
être dit à l’oral. J’ai sorti du fond de moi (pas seulement de ma
mémoire !) une histoire vraie de famille assez drôle, en essayant de retrouver
les mots qu’on avait employés pour me la raconter.
Ça continue
Cet atelier d’écriture fut franchement une expérience complètement réjouissante de partage de la parole et de l’écoute, en même temps que des exercices de styles, en même temps qu’une plongée dans nos souvenirs et légendes personnelles… J’espère réussir à me libérer à nouveau pour m’y rendre avant la fin du cycle et je vous conseille de vous lancer vous-même, vous ne serez pas déçus !Trouver plus d'ateliers d'écriture à Marseille : http://www.scripteo.net/8-ateliers-decriture-a-marseille/