Une nouvelle p’tite note invitée de Vincent Laugier, qui nous parle ici avec beaucoup de poésie de La Faux soyeuse, un roman d’Éric Maravélias paru dans la Série Noire de Gallimard. Merci à lui pour cette contribution !
C’est le trajet d’un enfant, d’une banlieue et d’un climat,
un mode de vie qui piège à mort et il en est là à descendre, à mourir. Tout
autour, la drogue circule et elle rend fou par manques et par soifs d’argent,
tous sont touchés d’une façon ou d’une autre. Ils se crament pris dans un
virevoltage, une nécessité qui les tenaille.
Ce livre m’est venu par la radio, par les évocations de l’auteur
et puis le rappel à ma connaissance que quand Mano Solo avait entre 15 et 20
ans, il était un drogué qui a connu et vécu grandement ce que ce livre décrit.
J’ai voulu voir un peu ce que ce chanteur a traversé.
Dans La Faux
soyeuse, c’est un être désenchanté, piqué dans sa chair qui assiste à
sa propre métamorphose cadavérique mais son esprit s’aiguise pour que l’âme qui
habite encore ce corps goûte l’extase pernicieuse et pour cela tous les coups
deviennent permis.
Ce naufragé, héros de la noirceur, découvre dans sa
déchéance des énergies qui le poussent à la violence où il gagne une survie
sauvage.
C’est une perdition vive haletante où le monde est glauque
naturellement parce que le rapport à la drogue est brutal et brutalise ainsi l’amitié,
l’amour, l’espérance et la mort. (Bien que celle-ci soit déjà à la base
constituée de violences...)
L’écriture est simple, baignée d’une poésie claire (sur un
monde noir), écriture descriptive par moment, des flashbacks éclairent l’histoire
qui se déroule, donnant des étapes à ce parcourt qui n’en finit pas de finir
parce que la vie on y tient, comme on peut, certes...