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L'atelier d'écriture À la recherche des passagers de la ville

Au théâtre de la Cité, on pouvait récemment assister à la restitution du travail de recherche et de création produit par les participants de l’atelier d’écriture « À la recherche des passagers de la ville » sous la houlette de Pierre Guéry (auteur et performeur) et Jérôme Gallician (des Archives départementales).

Les participants de l'atelier "À la recherche des passagers de la ville".

Écrire sur le dynamitage du quartier du Panier en 1943

Les participants ont enquêté sur les habitants du quartier du Panier, à Marseille, avant son dynamitage en janvier 1943 par les autorités françaises et l’armée allemande. Ce quartier populaire — qui accueillit successivement des générations d’immigrés — abritait environ 20 000 personnes qui furent déplacées à Fréjus, envoyées en prison, dans des hôpitaux psychiatriques et dans des camps de concentration (parmi elles de nombreux Juifs et réfugiés politiques en attente d’un visa pour l’Amérique).

Entre recherche documentaire et création poétique

Les archives départementales ont gardé la trace de certains de ces destins individuels brisés. L’idée de l’atelier est de s’approprier cette mémoire publique faite d’archives et de poser dessus une parole contemporaine, de recomposer le passé, en inventant ce qu’on ne sait pas à partir de ce que l’on sait. Tels des chercheurs, les participants de l’atelier ont manipulé et commenté des documents bruts, mais ils ont aussi arpenté le quartier et rencontré un historien et un anthropologue. Pierre Guéry, quant à lui, les a guidés sur le chemin de la création poétique, en leur proposant des consignes d’écriture s’appuyant sur leurs propres expériences et sur les archives. Lecture a été faite de beaux textes sur le thème du déménagement, ou de la reconstruction (réalisé à partir d’un caviardage sur un texte évoquant la reconstruction du quartier new-yorkais de Tribeca). Les participants ont également présenté les personnages auxquels ils avaient choisi de s’intéresser.

Ça continue à la rentrée

L’atelier — bimensuel — continuera à la rentrée, et de nouveaux participants sont attendus, la participation étant ouverte à tous et gratuite. Le champ des investigations pourrait être étendu ou approfondi, selon les propositions de chacun (dans le public, des remarques pertinentes ont notamment été formulées sur la prédominance du choix de profils de bandits plutôt que de réfugiés, ou encore sur le parallèle possible avec des déplacements de populations contemporains). L’objectif pourrait être de proposer une représentation publique sous la forme d’une balade urbaine sonore. Un projet passionnant, donc, où chacun est amené à participer à la construction d’une mémoire collective sur cet épisode dramatique de l’histoire de Marseille, qui marqua durablement les consciences.