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Les Lumières d'août, à la bibliothèque de l'Alcazar

Quelle bonne surprise que cette série de projections estivales à la bibliothèque de l’Alcazar à Marseille. Comme un cadeau aux Marseillais qui restent en ville la première quinzaine d’août ! Organisées pour la troisième année consécutive par le département Langues et Littératures, ces projections ont lieu du mardi au vendredi à 14 h 30 dans la confortable salle de conférence, du 31 juillet au 10 août. La programmation proposée par Philippe Bouet offre à voir des films adaptés d’œuvres littéraires, suivies de conférences assurées par Guy Astic ou Nicolas Féodoroff, tous deux critiques de cinéma, ou de lectures faites par le Club des lectrices publiques formé par des bibliothécaires passionnées.


Les conditions de projections sont très proches de celles d’une salle de cinéma (la salle est climatisée !) et l’entrée est gratuite. L’idée est de programmer des films étrangers qui feront voyager les aoûtiens citadins, mais aussi d’offrir un moment de partage autour des films. Je peux confirmer que le public dialogue avec aisance et plaisir avec les intervenants. Le succès réside aussi bien sûr dans la pertinence et la qualité des analyses des intervenants et des présentations de Philippe Bouet. Elles permettent d’expliciter le dialogue entre le film et l’œuvre littéraire, mais aussi de recontextualiser dans leur époque des films parfois anciens, devenus des classiques, dont on connaît moins bien les codes.

        


Quelques mots sur les films que j’ai vus ! J’ai adoré Mystères de Lisbonne (2010) dernier film du réalisateur chilien Raul Ruiz, adapté du roman éponyme de l’auteur portugais Camilo Castelo-Branco. Quelle beauté ! Quelle perfection dans la composition des scènes, montées comme des tableaux vivants… Ce film d’époque dont l’action se passe au XIXe siècle est une grande fresque labyrinthique qui fut à l’origine un feuilleton de 6 épisodes d’une heure. D’une durée de 4h26 ( ! ), il s’articule autour des personnages de Pedro da Silva et du Père Dinis, son protecteur. Honneurs bafoués, amours impossibles, désirs de vengeance, quêtes identitaires sont quelques-uns des thèmes abordés dans ce film si romanesque et foisonnant.

               

            
J’ai aussi vu Farenheit 451 (1966) de François Truffaut, adapté du célèbre roman De Ray Bradbury du même titre (1953). Il s’agit d’une contre-utopie (ou dystopie), sorte de monde idéal inversé où les citoyens ont l’obligation d’être heureux et où les livres sont interdits. Le personnage principal Montag est pompier, il s’occupe de faire régner l’ordre en pratiquant des autodafés. Le film dont le thème principal est le contrôle et la censure fut lui-même censuré par André Malraux à l’époque, comme nous l’a expliqué Guy Astic. Ce dernier a ajouté une foule d’anecdotes sur l’écrivain et le cinéaste, comme une deuxième lecture érudite du film, passionnante…
  
Conférence de Guy Astic après la projection de Farenheit 451

Je ne saurais trop vous conseiller de voler deux petites heures à votre trépidant quotidien pour aller voir un film. Consultez la programmation, il y en a pour tous les goûts ! Et comme ils font bien les choses, à la bibliothèque, vous pourrez repartir avec un livre, un film ou un CD parmi ceux sélectionnés dans le hall et les rayons autour de ce thème des œuvres littéraires adaptées au cinéma. Encore une semaine pour en profiter, chanceux aoûtiens citadins ! 

Pour finir, je ne résiste pas à l’envie de reprendre, pour vous la poser, la question que Ray Bradbury posait à son lecteur, comme nous l’a relaté Philippe Bouet : Si vous deviez choisir un livre à sauvegarder, lequel choisiriez-vous ?!

(Août 2012)