On m’a récemment prêté Un
jour, ce best-seller de l’écrivain anglais David Nicholls. Si vous
vous lancez dans cette romance, vous aurez du mal à la lâcher et ne réussirez
pas à la snober. Une bonne lecture de plage ou un roman de gare, voici de
quoi il s’agit. Oui oui, je sais les vacances se terminent, mais avec ces
températures, vous devriez encore être à la plage ! Pas besoin d’une
concentration intense, vous pouvez perdre quelques miettes du récit sans perdre
le fil de l’intrigue.
David Nicholls emprunte
certains des codes de la chick-lit. Écrite par les femmes pour des femmes, la
chick-lit (« littérature de filles ») met en scène des citadines
working girls et modernes dans des romances à happy end (le roman Le Journal de Britney Jones d’Helen
Fielding serait assez représentatif du genre). Dans Un Jour, les personnages ont un sens de l’humour et de la répartie
assez réjouissant, l’action se passe à Londres et l’histoire tourne
essentiellement autour d’individualités et de leurs sentiments amoureux. Voici
pour les ressemblances avec ce genre populaire, donc. Mais l’auteur traite à
part égale les vies du personnage masculin et du personnage féminin et
l’intrigue n’est pas si légère qu’elle en a l’air. Les scènes les plus réussies
étant les situations de crise où tout bascule, où les personnages semblent
révéler leurs failles et incarner un certain désenchantement du monde. Alors
roman de filles ? Pas si sûr…
À la réflexion, ce qu’il y a de plus réussi dans ce roman,
ce sont les procédés dramaturgiques, la tambouille de l’auteur si vous
préférez. Tout le récit repose sur un conflit sociologique entre les
personnages : Emma est issue de la classe moyenne, alors que Dexter a
grandi dans un milieu plus privilégié et sophistiqué et le clivage est parfois
douloureux. Ce ressort narratif pourrait faire d’Un jour un roman aussi crédible qu’un Cendrillon des temps modernes,
pourtant le propos sur le déterminisme social est nuancé par l’auteur au fur et
à mesure qu’on avance dans le récit. Petit à petit, le roman revêt les atours
d’une bonne comédie romantico-sociale, de celles dans lesquelles on se
reconnaît.
Le lecteur est également tenu en haleine grâce à cette construction du récit en chapitres courts dédiés à la journée du 15 juillet de chaque nouvelle année. Les protagonistes mènent certes une vie « normale », mais le temps du récit est découpé de manière à mettre en lumière les rebondissements et à entretenir l’espoir que la vie est faite de retournements de situation. En fin de compte, tout ne dépend-il pas de l’angle de vue ? En l’occurrence, un angle large est plus avantageux, puisque les situations périlleuses apparaissent temporaires ! David Nicholls a un peu tendance à abuser des effets de suspension du récit et à faire courir son lecteur après la suite. Mais dans l’ensemble, ce rythme enlevé rend la lecture plaisante et facile.
Un film a été tiré du roman, mais je ne suis pas sure qu’il
soit recommandable ! La bande-annonce laisse entrevoir des scènes qui ont
l’air mélodramatiquement très chargées. En même temps, c’est toujours excitant
une adaptation et c’est David Nicholls lui-même qui a écrit le scénario, alors
je me laisserai peut-être tenter.
Le roman est quant à lui disponible en poche aux éditions
10/18, en grand format et en ebook aux éditions Belfond. La politique tarifaire
pourrait vous sembler étrange, puisque l’ebook est deux fois plus cher que le
poche. Elle vise en fait à protéger les ventes du livre en format poche. Quoi qu’il
en soit, vous avez le choix du support ! Enfin, le dernier roman de David
Nicholls Pourquoi pas ? est
disponible chez Belfond (papier et ebook) depuis mai dernier.
Bonne lecture !
(Août 2012)