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La journée du manuscrit : l'auto-édition en librairie

Je voudrais vous parler d’une opération menée par les Éditions du Net qui intéressera les auteurs à la recherche de solutions pour s’auto-éditer, ainsi que les libraires souhaitant élargir leur horizon. Je trouve l’idée vraiment très bonne, alors je vais tenter de vous expliquer de quoi il retourne précisément.

La Journée du manuscrit : une proposition des Éditions du Net

Du libraire à l’éditeur

Les Éditions du Net sont à l’origine de cette première Journée du manuscrit qui se déroulera le 24 octobre prochain. Le principe est de proposer à des auteurs de déposer pendant la période du 1er au 20 octobre leur texte chez un des libraires partenaires de l’opération ou directement sur le site lajourneedumanuscrit.fr. Une sélection sera ensuite effectuée par les Éditions du Net, selon leurs critères habituels, à savoir, la légalité du contenu, le nombre de pages (50 minimum) et l’intérêt éditorial (que le livre soit destiné au lecteur). Les Éditions du Net proposeront ensuite les textes sélectionnés à la diffusion sur leur plateforme (potentiellement imprimables « à la demande »). Enfin, le 24 octobre aura lieu au Café des éditeurs un tirage au sort de trente textes qui se verront offrir un tirage de 100 exemplaires pour une mise en place en librairie.

Pas de travail éditorial, mais une distribution en ligne et en librairie

Quelques mots sur les Éditions du Net : créée en 2010 par Henri Mojon, la structure est une société de prestation de services techniques à l’adresse des éditeurs, mais également des auteurs auto-édités. Elle propose à la fois la numérisation des textes (en PDF ou epub) et l’impression à la demande de ces derniers. Le principe de l’impression à la demande étant de permettre une impression sans contrainte de tirage minimum, à tout moment. Bien sûr la qualité de fabrication est un peu moins bonne qu’en offset, on ne peut pas tout avoir ! Aucune intervention éditoriale n’est effectuée par les Éditions du Net sur les manuscrits en dehors de la sélection préalable, leur fonction première étant d’imprimer. En revanche, une vraie logique de diffusion et de commercialisation a été mise en place : outre les ventes en direct sur la plateforme des Éditions du Net, les ebooks (3 % des ventes) sont distribués sur des plateformes de ventes en ligne telles qu’Ibooks (Apple) ou Kindle (Amazon) et les livres imprimés le sont chez Amazon, Decitre, la Fnac ou Chapitre (30 % des ventes de livres imprimés se fait en librairie) et surtout ils sont référencés dans les bases de données des libraires, Dilicom et Electre.

Les Éditions du net : coût de l'impression
 Exemple de coût des impressions pour l’auteur sur le site des Éditions du Net

La librairie relais de la production auto-éditée

Et c’est là où je dis bravo ! Placer le libraire au cœur du dispositif de soutien et de promotion des auteurs auto-édités grâce à l’impression à la demande c’est un peu la bonne solution au bon moment. Aux États-Unis déjà, certaines librairies sont équipées d’imprimantes permettant de faire de la micro-imprimerie pour une clientèle locale. Et souvenons-nous qu’historiquement le libraire était également éditeur et imprimeur... Ici, les Éditions du Net proposent un partenariat où le libraire est l’intermédiaire entre l’auteur et l’imprimeur, en plus d’être prescripteur et intermédiaire entre l’auteur et le lecteur. Concrètement, les conditions commerciales sont de 45 % concédés aux libraires sur les ventes, ce qui est supérieur à la remise pratiquée dans la chaîne du livre traditionnelle. Surtout, être en mesure de proposer à leurs clients l’impression de leurs textes et leur commercialisation pourrait être un service assez révolutionnaire offert par les libraires. Le moyen de promouvoir la création littéraire locale, et d’introduire du lien dans l’auto-édition, qui en manque encore cruellement…

Un environnement pour l’auteur auto-édité

Ceux d’entre vous qui s’intéressent aux problématiques qui animent le petit monde de l’auto-édition savent que la question de la visibilité est au cœur des préoccupations actuelles. La polémique sur le top 100 d’Amazon, en dénonçant des méthodes de propulsions éphémères quelque peu douteuses, a même montré que cette question avait pris des proportions étonnantes… Pourtant, à mon avis, ce qui manque à l’auteur auto-édité ce n’est pas tant une visibilité pour son texte, que des liens avec un environnement littéraire et du soutien de la part d’autres acteurs du livre. L’auteur auto-édité se passant de l’éditeur est relativement isolé ; un peu moins s’il est un internaute curieux certes, mais quand même… Alors un dispositif comme La journée du manuscrit, qui donne à l’auteur auto-édité un interlocuteur professionnel et une visibilité pour son livre en librairie, est une très bonne idée. Souhaitons aux Éditions du Net de trouver de nombreux partenaires !

(Août 2013)