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Ma virée aux Rencontres du 9e Art

Le week-end dernier avait lieu, comme chaque année en avril à la Cité du livre d’Aix, le « festival de BD et autres arts associés ». La programmation y était variée puisque les organisateurs avaient invité 55 auteurs. De la BD jeunesse à la littérature graphique, tous les styles sont représentés à Aix, c’est ce qui fait le charme du festival. Une autre particularité : les nombreuses expositions (17 !) visibles depuis fin mars jusque fin avril. Donc, pas de panique, si vous avez loupé le week-end BD, vous pouvez toujours aller arpenter le bitume de la ville pour voir ces expos. 

Je suis arrivée in extremis à 14 h samedi pour participer à l’atelier sur la « web BD » organisé par l’animateur multimédia de l’espace numérique de la Cité du livre. Bon, je ne pensais me retrouver là avec un public restreint dont la moyenne d’âge était de 12 ans… Les fomentateurs de la révolution numérique sont bien jeunes dites donc ! L’animateur a certes dû adapter un peu sa présentation, mais il ne nous en a pas moins exposé quelques chouettes découvertes : BD online, TurboMedia, portails d’achat ou de location, annuaires de blogs de BD…

Après avoir remercié l’animateur, je me suis dirigée vers la librairie (« annexe » ponctuelle de la librairie aixoise Goulard). Il y avait foule, du côté des rayons des auteurs en signature et des auteurs exposés, c’était carrément la foire d’empoigne ! Heureusement que les gentils libraires étaient là pour temporiser un peu, conseiller, chercher avec les clients.  


Expo "Génération spontanée"

Puis à 16 h a commencé la visite guidée de l’exposition « Génération spontanée » assurée par son sympathique commissaire, Thierry Bellefroid. L’expo est consacrée à la BD belge contemporaine. La scénographie est magnifique, et dès le départ j’ai eu un énorme coup de cœur pour le travail de Dominique Goblet, qui était là, et commentait elle-même ses œuvres. Sur un pan de mur, deux grands tableaux, réalisés au crayon bille, l’un représentant un paysage de forêt, l’autre une maison sur une colline, première partie d’un travail en cours qui comptera quatre tableaux. Jeu sur l’échelle de la case-tableau, sur l’idée de lecture séquentielle, sur la visibilité du tracé frénétique… Plus loin, on pouvait manipuler des images magnétisées sur un tableau pour construire son histoire. Enfin, Dominique Goblet a pris la parole pour nous expliquer ce que fut le projet correspondant aux images projetées en diaporama. Ces portraits étaient extraits d’un livre intitulé Chronographie (L’Association) qui compile en doubles pages 273 sessions de dessins exécutés sur 10 ans, représentant l’artiste et sa fille âgée en 1998, au début de l’expérience, de 7 ans. Elles ne se voyaient alors qu’une semaine sur deux et ont décidé de se dessiner toutes les semaines où elles se voyaient afin de garder le lien entre elles. Le résultat est sidérant, il est une représentation du temps qui passe à travers l’évolution des traits physiques (visible dans les dessins de Dominique Goblet) et de la pratique du dessin qui s’améliore (visible dans les dessins de Nikita Fossul). Il est la preuve d’un parcours commun discontinu, mais prolongé, d’un lien indissoluble entre la mère et la fille. J’ai acheté à la librairie le dernier exemplaire restant !

Chronographie de Dominique Goblet

Il y aurait tant à dire sur la beauté des œuvres des autres auteurs exposés dans cette expo, mais je ne vais pas abuser de votre patience, juste vous citer quelques noms : Denis et Olivier Deprez, Renaud de Heyn, Michaël Matthys, Thierry Van Hasselt, Max de Radiguès, Pascal Matthey, Judith Forest, Éric Lambé, David Vandermeulen… Tous réinventent la BD belge, rompant avec la ligne claire, menés par des structures éditoriales telles que Frémok, LaCinquièmeCouche ou L’Employé du moi.

J’ai terminé mon petit tour au festival en assistant à la rencontre avec Étienne Davodeau, de qui j’avais beaucoup aimé Lulu femme nue, conseillé par une amie fan de BD. Auteur sympathique, il s’est livré facilement sur son parcours et ses méthodes de travail… Très contente de cette virée je reviendrai à Aix avant la fin du mois pour faire la tournée des expos du festival.

(Avril 2012)

Rencontre avec Étienne Davodeau