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Articles

Le Monde après nous, de Rumaan Alam : de l'abondance à la catastrophe

Le troisième livre de l'écrivain américain Rumaan Alam explore les ressorts de la peur en situation de catastrophe. Un huit clos palpitant dont l'adaptation pour Netflix devrait voir le jour en 2023.
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En route pour la gloire, de Woody Guthrie : itinéraire du premier clochard céleste

En route pour la gloire est le titre de l'autobiographie du folksinger américain Woody Guthrie (1912-1967). Il l'a emprunté à celui d'un chant de gospel apparu dans les années 20 : This Train is Bound for Glory , qui devint une chanson populaire reprise notamment par Johnny Cash, Bob Dylan ou encore Bob Marley. Au début du livre, Woody Guthrie voyage sur le toit d'un train de marchandises et il entend d'autres hobos chanter cette chanson : « Ce train emmène pas de joueurs,/pas de menteurs, de voleurs ou de baroudeurs./Ce train est en route pour la gloire,/Ce train ! » Frigorifié, trempé, en proie au doute, il s'interroge alors : « Je me demande bien vers quel enfer nous sommes en route », et « Qu'est-ce que je suis censé faire ici ? »... C'est ainsi que, pour répondre à ces questions, il commence à dérouler le fil de sa propre histoire.   Photo : Dorothea Lange, Migrant sur une route californienne , Californie, 1935 (issue du livre ci-dessous mentionné)

Mount Terminus, de David Grand : le roman des origines de Los Angeles

David Grand a mis 11 ans à écrire Mount Terminus . Il écrit à ce propos dans les Remerciements : « Mes processus, semblait-il, étaient davantage en harmonie avec le temps géologique qu'avec le temps de l'édition. » On saluera son sens de l'humour ! Mais il se trouve que son roman a justement à voir avec la géologie, celle du bassin de Los Angeles, qui connut de gigantesques bouleversements lorsque les hommes décidèrent de l'aménager au début du XX e siècle. Plus précisément, c'est dans le cadre des épisodes de l'arrivée de l'eau à Los Angeles et de la naissance de l'industrie cinématographique que l'auteur situe son histoire. De l'optique au cinéma Mount Terminus raconte l'histoire de deux frères longtemps séparés, Joseph et Simon, qui se retrouvent à la mort de leur père Jacob Rosenbloom. Une montagne de secrets pèse sur leur relation. Mais une chose les rapproche : le cinéma. Leur père, un opticien passionné, fut autrefois l'inventeur

L'Empreinte, d'Alexandria Marzano-Lesnevich : une tentative d'épuisement des faits

L’Empreinte d’Alexandria Marzano-Lesnevich est un livre qui a demandé à son autrice 9 ans de labeur et de recherches. Le qualifier est d’ailleurs compliqué : s’agit-il d’une enquête ? D’un reportage ? D’un récit ? Une chose est sure, L’Empreinte est à classer dans le genre passionnant (et très américain) de la non-fiction narrative.  Le livre raconte la collision de l’histoire d’Alexandria Marzano-Lesnovich avec celle des membres d’une affaire criminelle des années 90 : en Louisiane, Ricky Langley, un jeune adulte pédophile tua par strangulation Jeremy Guillory, un garçon de 6 ans. Un premier procès le condamna à la peine de mort. L’autrice découvrit l’affaire lors d’un stage dans un cabinet d’avocat chargé de défendre l’accusé. Elle qui pensait ses convictions concernant l’abolition de la peine de mort inébranlables se surprit à souhaiter la mort de Ricky Langley, alors même que la mère de la victime, sans avoir pardonné au meurtrier, s’opposait à son exécution. C’est qu’Alexa

Kiosque, de Jean Rouaud : au théâtre de la rue

Kiosque est le cinquième livre d’une série intitulée par l’auteur « La Vie poétique ». Jean Rouaud y raconte sa vie de kiosquier, de 1983 à 1990, rue de Flandre, à Paris. À l’époque, ce travail lui permit de conserver du temps pour se consacrer à ses exercices d’aspirant écrivain.   C’est toute une galerie de personnages que nous dévoile l’écrivain, a posteriori. Dans ce petit théâtre que constituait le kiosque de la rue de Flandre, défilaient tout au long de la journée des clients sur lesquels Jean Rouaud pose un regard emprunt d’humanité : les désœuvrés Chirac et Norbert toujours soucieux de donner le change et de rendre service contre quelques pièces, les turfistes et joueurs invétérés à l’affût d’un bon tuyau, le président Ronchon ainsi surnommé en raison de son regard irrémédiablement pessimiste sur l’actualité, ainsi que nombre d’exilés politiques suivant à distance dans la presse les déboires de leurs concitoyens restés au pays. Un concentré d’humanité qui au fil du temps con

Capitaine, d'Adrien Bosc : récit d'un exil collectif

Où nous est racontée la suite de l’épisode marseillais de la villa Air-Bel dans laquelle s'étaient réfugiés les surréalistes pendant la Deuxième Guerre mondiale… Dans Capitaine, Adrien Bosc fait le récit de l’exil, en mars 1941, de plusieurs artistes et intellectuels français et étrangers en Amérique. Au départ de Marseille, ils embarquèrent sur le même cargo, le Capitaine Paul Lemerle. Parmi eux : André Breton, Anna Seghers, Claude Lévi-Strauss, Victor Serge, Wifredo Lam, Germaine Krull... Puis en Martique, à Port-au-Prince, où le bateau finit par arriver, l’écrivain nous raconte la rencontre de Breton avec Suzanne et Aimé Césaire... Capitaine se situe quelque part entre le roman, l’enquête, le journal... L’auteur avance à tâtons dans cette période noire de notre histoire, questionnant les documents, supposant des rapprochements entre les individus, imaginant ce que furent ces journées jusqu’ici jamais racontées. Un livre qui décrit bien l’arbitraire qui régnait alors. Chaqu

Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre : le roman populaire à son meilleur

Au revoir là-haut aura été un immense plaisir de lecture. Trois ans après son prix Goncourt, et dans la perspective de voir au cinéma son adaptation, je l’ai acheté à la (superbe) Librairie Passages, à Lyon, parce que sa couverture illustrée par le bédéiste Christian de Metter me plaisait particulièrement. Un écrivain populaire De Pierre Lemaitre, j’avais entendu dire qu’il écrivait des romans populaires, et allez savoir pourquoi ça avait plutôt éveillé ma méfiance que ma curiosité. Sur cette question, l’écrivain a déclaré l’autre jour à la radio (émission Boomerang) : « le roman populaire est un roman qui n’exclut personne. » Ça ne mange pas de pain...    Une double intrigue Bref, mes tergiversations se sont vite envolées à la lecture des premières pages d’ Au revoir là-haut.  On est embarqué dans ce roman de l’après-Première Guerre mondiale aux côtés de deux anciens poilus - Albert Maillard et Édouard Péricourt - qui vont tenter de survivre à Paris, dans un pays où le se