Cette chronique de Royal
Romance de François Weyergans a été écrite par Jenny, lectrice des P'tites
Notes, qui a accepté l'invitation à publier ses impressions de lecture. Un grand
merci à elle pour cette contribution !
Contrairement à François Weyergans, je n’ai aucunement le
don de rendre la digression intéressante, c’est pourquoi, je vais tenter d’être
concise, évitant par là même, du moins je l’espère, de vous perdre.
Donc, après Trois
jours chez ma mère, François Weyergans nous offre Royal Romance. Mais encore …
Royal Romance
c’est le nom d’un cocktail, mais c’est surtout l’histoire d’un homme, Daniel
Flamm, le narrateur, qui s’ennuie autant qu’il nous ennuie durant des pages. Il
nous fait subir ce que lui-même vit passivement, des voyages, des dîners au
restaurant, des terrasses de café, des rencontres humaines. Tristes
digressions, les mots et les tergiversations de cet homme s’enchaînent. Il est
marié, abouti professionnellement mais désincarné, vide semble-t-il. J’aurais
lâché le livre rapidement sans la première phrase prometteuse qui ouvre ce
roman « Combien de gens réussit-on à rendre heureux dans une vie ? » Plane
alors comme une envie d’en savoir plus…
Au Québec, Daniel Flamm devait y rester une semaine, mais
c’était sans compter sur la rencontre de Justine.
Entre cette jeune femme de 25 ans, comédienne, fervente
lectrice d’auteurs russes et adepte de films porno et Daniel Flamm naît une
histoire. Histoire d’amour ? Rien n’est moins sûr. Qu’on se le dise et c’est
tant mieux, l’auteur se garde bien de tomber dans les clichés de l’histoire
d’amour passionnelle. Non, il nous peint le tableau de leur complicité, le
tableau d’une jeune femme haute en couleur, attachante, singulière, vif-argent
pour laquelle Daniel Flamm éprouve un sentiment qu’il peine autant à définir
qu’à éprouver, d’ailleurs. Séducteur compulsif ce Daniel Flamm ? Sûrement,
d’autant qu’il a la « malchance » de plaire aux femmes qui lui plaisent, toute
ironie mise à part bien sûr !
Si l’auteur nous préserve autant qu’il préserve son
personnage de sombrer dans le drame, les SMS et les enregistrements de Justine
nous donnent à comprendre toute la réalité crue d’une histoire d’amour sans
prise, suspendue entre Québec et Paris : « Je devrais arrêter de réfléchir,
seulement accepter ce que la vie me propose, pas au-delà de mes capacités, et
je me rends malheureuse avec mes songes et mes pensées. » Nous les suivons
donc, témoins de l’impossibilité pour Daniel Famm de se résoudre, de se
rassembler et d’une Justine souvent bafouée mais tellement héroïque.
Le lecteur attend la chute, mais celle-là, je la tairai…