Voici une très belle chronique de Vincent Laugier sur Ederlezi de Velibor Čolić, écrivain qui était en résidence à Marseille à Peuple & Culture. Vincent Laugier est poète, vous pouvez lire ses textes sur le site consacré à Mano Solo qui héberge des blogs personnels.
L’auteur est un Bosniaque réfugié politique depuis 20 ans et
qui donne là une parole pleine d’âme au peuple tzigane ; des histoires de
vie.
Cela se fait dans des ressorts de sensibilités, une tournure
d’esprit et puis aussi des événements historiques avérés.
C’est l’histoire d’un siècle, d’une légende et de mille
citations, d’un peuple vu à travers des rencontres, un héritage, des chanteurs,
des musiciens, un mode de vie, une liberté qui se vit à la tzigane.
Une naissance, une vie, une mort et ça recommence et ça se
revit et ça revient, comme des renaissances de quelqu’un qui n’a pas tout
accompli en une vie et qui persiste comme ça à être ici dans notre monde.
Un dynamisme d’existence dans une vitalité musicale et la
poursuite d’une persécution sous une forme ou une autre.
Tout cela est dit dans une perception de conteur. L’écriture
danse, donne à voir, avec un lyrisme éclatant et des images interrogeantes, un
regard sur le monde pluridimensionnel, dans la chaleur des désirs, la volonté
de vivre libre et tout le tracas de la férocité historique.
À chaque page fleurit une poésie, une politesse exquise d’inventions,
les personnages se réinventent, se meuvent comme ils peuvent et ils ont des
pouvoirs et font force de perceptions pour affirmer leur personnalité dessinée
de coutumes et d’un goût de vivre aussi puissant que leur destin.
Persistance séculaire dans les désordres du monde, la joie d’être
au monde dans une tournure qui souvent les malmène.
C’est un conte vif aussi prenant de rêves que d’accablements
et qui fait une magie au bord des dégoûts.