Allez, cette semaine, je vous emmène en Vendée, on va se
mettre un peu au vert, parce que bon, Marseille l’été, c’est un peu
é-tou-ffant, non ? Voici donc un petit reportage photo
dans l’atelier de Lina,
relieuse amateur passionnée par la reliure et la broderie. Elle m’a laissée
suivre la réalisation de la reliure Bradel d’un livre :
Lélia ou la vie de Georges Sand d’André Maurois édité en 1952
par Hachette, acheté en brocante, il avait effectivement bien besoin d’une
petite restauration.
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La couverture d'origine du livre à relier |
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Travail de débrochage du livre |
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Le grecquage : on prévoit à la scie le passage des fils de la cousure |
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le cousoir et la presse |
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Ebardage au massicot : on égalise les bords des cahiers |
Pour Lina, la reliure a commencé lorsque son amie Colette
lui a donné une vieille presse et les outils qui allaient avec, puis
elle a pris des cours de reliure et s’est améliorée au fil des années,
grâce aux conseils de sa prof, à ses livres et à sa créativité. Elle affirme
que son savoir-faire évolue et qu’il lui reste beaucoup de choses à apprendre.
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La cousure, opération rapide pour Lina habituée aux travaux d'aiguille |
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Dans l'atelier, il y a une belle bibliothèque... |
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Une fois les cahiers cousus, le dos est encollé pour les rendre encore plus solidaires |
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Modelage du dos du livre dans la presse à rogner |
Lina a effectué sous mes yeux un Bradel. Il s’agit d’une
technique de reliure particulière caractérisée par l’emboitage du livre dans
son fond grâce au collage des feuilles de garde sur les plats, c’est-à-dire sur
sa couverture cartonnée (plutôt que par le collage des ficelles du livre sur
les plats pour la reliure à proprement parler). De nombreuses étapes ont
jalonné la réalisation, entrecoupées de périodes de presse ou de séchage. Entre
autres, la « plaçure », la « cousure », l’« endossure »,
la « couvrure »… Une terminologie technique, mais amusante, vous en
conviendrez !
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Les mors contre lesquels les plat du livre viendront buter |
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Il faut choisir la toile qui protégera le dos du livre |
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Séchage après la pose de mousseline, de la tranchefile et du papier sur le dos |
L’art de la reliure est ancien et obéit à des techniques
issues d’une tradition séculaire ayant pris son essor avec l’invention de
l’imprimerie à la Renaissance. Elle est liée à la bibliophilie qui est le goût
des livres anciens et rares. Il faut d’ailleurs savoir qu’on ne relie pas de
manière traditionnelle les livres modernes encollés (il faut les coudre par
cahiers auparavant). Mais la tradition n’empêche pas la créativité de
s’exprimer dans des touches personnelles, Lina introduit par exemple de la
broderie ou du papier végétal sur ses couvertures.
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Le livre vient s'emboîter dans sa couverture : le bradel |
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On va encoller le papier sur les plats |
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La restauration du livre est terminée, il devrait durer... |
En parlant d’atelier, on m’a récemment prêté un joli petit
livre intitulé
Poésie d’atelier par
Élodie Marville, la créatrice de
Sacadidie.
Elle y présente les ateliers de 10 créatrices de Toulouse et de la région
Midi-Pyrénées (créatrice de bijoux, designer textile, céramiste, etc.). De très
belles photos illustrent le livre, racontant l’univers de chaque créatrice, les
couleurs et matières élues, le lieu choisi. De petits textes expliquent les
projets, les techniques, les sources d’inspiration et quelle poésie
l’auteur y a vu. Je vous le recommande, il est disponible à l’achat sur le
site de Sacadidie.
Merci à Lina ! J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer la
petite souris dans son atelier, à observer et à photographier ces belles
matières.