Ce billet est une contribution de Mathilde, qui vous propose un petit reportage au festival de BD Quai des bulles à Saint-Malo où elle s’est rendue le week-end dernier. Un grand merci à elle !
Habitant à Rennes, je vois chaque année les affiches pour le festival Quai des Bulles de Saint-Malo. Jusqu’à présent, je n’avais jamais osé y aller, ne connaissant vraiment pas grand-chose à la bande dessinée. Je m’imaginais refoulée à la porte du festival parce que j’aurais échoué à citer dix auteurs de BD… Mais cette année, forte de quelques lectures, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai foncé vers la fameuse cité corsaire. Sur place, il ne fait pas bien chaud alors je suis bien contente d’arriver suffisamment tôt pour ne pas faire la queue à l’extérieur.
Un quai, des bulles, pas de doutes, c'est là !
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L'oiseau à gauche va à Quai des bulles aussi, je l'ai
recroisé après, il m'a dit qu'il ne rate jamais un festival
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Un gentil jeune homme au contrôle des tickets lève des yeux
interrogateurs sur moi et commence une phrase « Est-ce que… ? »…
Oh mon Dieu, il va me demander de citer des auteurs !! Je le savais, je le
savais !! En fait, non, il a juste dit : « Est-ce que vous êtes
avec le groupe des scolaires ? » Ouff ! J’ai répondu non et je
me suis dirigée vers une première exposition, intitulée « Les arcanes
d’Andréas ». Je suis tout de suite impressionnée par la conception de
l’expo. Déjà, de loin, la vue d’ensemble est tentante. Les planches originales
sont bien mises en valeur, il y a des recoins à découvrir, superbement décorés
et en commençant l’expo, je me rends compte qu’on peut presque coller son nez
sur les cadres pour voir le détail des dessins, un vrai plaisir !
« Les Arcanes d’Andréas », expo réalisée par Fred
Lecaux et la Station d’arts Image
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C’est probablement l’avantage d’aller à Quai des Bulles le
vendredi, il y a principalement des scolaires et des professionnels donc
beaucoup moins de monde que le samedi et le dimanche. J’ai pu prendre tout mon
temps pour découvrir le travail d’Andréas, auteur belge de
plusieurs sagas : Rork, Capricorne ou bien encore Arq. J’ai appris qu’Andréas a été
influencé par la lecture des comics,
qu’il accorde beaucoup d’importance au découpage des cases et qu’il a aussi
réalisé un album muet dans sa série Capricorne.
Bref, cette expo m’a donné envie de découvrir l’auteur et m’a bien
plu !
Deux des sagas d’Andréas
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Je suis ensuite allée faire un tour à l’atelier « Le
livre qui n’existe pas : invente ton livre ! » animé par Vide Cocagne où j’ai trouvé une
bande d’ados en pleine réflexion, face à la mer, pour trouver un titre, une
histoire et une couverture pour leur livre ! Le courage m’a manqué pour me
joindre à eux n’étant pas très douée en dessin (la dernière fois que j’ai joué
à pictionnary avec ma nièce, elle a cru que je dessinais une vache alors que
c’était une voiture, alors je n’ai pas voulu prendre le risque d’une
humiliation publique !). Visiblement les jeunes étaient inspirés, eux !
Des jeunes en pleine création |
J’ai ensuite poursuivi ma visite avec le coin jeunesse,
dédié cette année à Claude Ponti que,
je dois le confesser, je ne connaissais pas ! J’ai donc appris que Lewis
Caroll était l’inspirateur de l’œuvre de Ponti et que celui-ci est connu entre
autres choses pour les noms qu’il donne à ses personnages ou à ses lieux
(« l’île des Zertes » par exemple). Au milieu de l’espace
jeunesse, on trouve d’ailleurs un arbre aux 100 noms dont les feuilles sont les
noms des héros de Ponti : les Sept Sœurs Toupareil, Daphné-Nuphar, Eugénie
du rire, Hippolène. Ça donne quelques idées de cadeaux à placer sous le sapin
cette année ! D’ailleurs, comme le dit le titre de l’expo, Claude Ponti
n’a pas écrit que pour les enfants, il a aussi des romans publiés aux éditions
de l’Olivier. Avant de quitter l’espace jeunesse, j’ai écouté quelques instants
Michel Pomerantz conter « Alice raconté aux petits
enfants ». Les marmots étaient captivés par l’histoire, ça faisait plaisir
à voir !
Présentation de l'expo consacrée à Claude Ponti
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Les code-barres sont traditionnellement mis en valeur
par Ponti
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Conte avec vue sur mer |
Je traverse ensuite rapidement l’exposition consacrée
à Sean Philipps décrit
par le programme du festival comme « un Britannique, entre BD franco-belge
et comics ». Là encore l’expo
est superbement conçue et les planches exposées magnifiques.
Expo de planches originales de Sean Philipps
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Malheureusement, le temps me manque pour tout regarder en
détail, car je tiens à assister à la mini-conférence sur le thème « 7
auteurs, 7 prisons, 7 rencontres ». Quai des bulles, avec
l’établissement public de coopération culturelle Lire et Livre en Bretagne, la
DRAC et la direction interrégionale des services pénitentiaires, a permis à 7
auteurs d’aller à la rencontre de détenus dans 7 prisons du grand
Ouest. Ces auteurs sont Étienne Davodeau, Gégé, Laurent Lefeuvre, Nicoby,
Lionel Chouin, Fanny Montgermont et Emmanuel Lepage. Seuls les 4 premiers
étaient présents.
Nicoby, Etienne Davodeau, Gégé, Laurent Lefeuvre et
l'animateur Arnaud Wassmer
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Christian Ryo, directeur de Lire et Livre en Bretagne rend
hommage au travail des équipes sur le terrain
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Les témoignages des auteurs mettaient en avant le fait que
la BD – et le dessin en particulier – est un vecteur d’échange. Elle permet de
regrouper autour d’une table des personnes qui sont plus ou moins familières du
livre, qui parlent plus ou moins bien français et qui ont eu un lien de plus ou
moins bonne qualité avec le livre, à l’école. Étienne Davodeau (que j’aime
vraiment beaucoup, décidément !) a rappelé que la lecture devait avoir un
rôle social en prison. Il a aussi rappelé que l’incarcération n’est en théorie
que la privation de la liberté d’aller et venir et qu’il est important de
veiller aux respects des autres droits, notamment, celui d’accéder à la
culture. C’est justement le travail que réalise avec son équipe Christine
Loquet, chargée de mission promotion de la lecture en direction des publics empêchés
et éloignés du livre à Lire et Livre en Bretagne. C’est d’ailleurs tout le
travail réalisé en amont de la venue des auteurs qui rend ces rencontres
possibles.
Comment ne pas céder à l'appel de cette couverture |
Il n'est jamais trop tôt pour se mettre à la philo |
Pour finir ma visite, je suis allée faire un tour à l’immense espace Exposants où j’ai fait deux achats. Le très sympathique Le caca du coucou pour ma nièce, et pour moi, une BD intitulée La vie avec Mister Dangerous de Paul Hornschemeier. Je dois dire que j’ai ensuite un peu regretté mon choix. Cette BD étant éditée par Actes Sud, il m’a semblé après coup que j’aurai dû privilégier une plus petite maison d’édition. Une bonne raison d’y retourner l’année prochaine !
(Octobre 2012)