L’autre soir je suis allée écouter La Récitation du Chant 1 de l’Énéide au théâtre
des Bernardines, un spectacle produit par la Compagnie du Singulier. L’Énéide de Virgile raconte la
fuite d’Énée hors de Troie (après la guerre), ses errances en Méditerranée
avant la fondation d’une nouvelle Troie dans le Latium, qui ne sera autre que
Rome. Le Chant 1 débute avec la
terrible tempête essuyée par Énée et sa flotte, la prophétie de Jupiter sur la
réussite de son entreprise en Italie, puis l’arrivée à Carthage et le banquet
organisé en son honneur par Didon, reine de la ville.
L’aède et la muse
Sur scène, l’acteur Miloud Khétib interprète le Chant 1 en même temps qu’il le
récite. Comme habité par le texte, il raconte les aventures du héros de
Virgile, fait résonner en lui des vers vieux de plus de deux mille ans et c’est
une grande émotion de l’entendre leur donner vie. Sur scène également, est
présente une jeune femme (Sofy Jordan), qui tient entre ses mains le texte de L’Énéide. À la fois muse et gardienne
des mots, sa présence est discrète. Car la performance de l’acteur réside
également dans cet exercice de mémorisation, qu’il accomplit tel un aède ayant
traversé les temps…
L’Énéide : une épopée antique
Dans les vers latins de Virgile, le monde antique nous
apparaît dans toute sa poésie et son decorum un peu décadent : les rivages
boisés, la mer impétueuse, les temples sacrés dans lesquels brûlent de
l’encens, les corps recouverts d’onguents, les cheveux parfumés d’ambroisie,
les banquets où les convives prennent place sur des lits brodés, les tentures
magnifiques, les amphores remplies de vin, les carquois à l’épaule des déesses…
Mais L’Énéide c’est aussi et
surtout une épopée, avec des personnages ayant pour dessein de créer un nouveau
royaume. Énée est tour à tour aidé par les dieux (Vénus) ou violemment rejeté
par eux, car leur colère peut être terrible (Junon). Alors que les héros en
appellent à la Bonne Foi ou à la Fortune, au dessus d’eux, les dieux sont les
véritables metteurs en scène de leurs aventures.
Virgile en numérique
Je me suis plongée dans la lecture de L’Énéide après avoir entendu Miloud Khétib réciter le Chant 1. Je faisais une recherche
sur le site de la librairie Decitre pour voir si la traduction de Dominique
Buisset dite par l’acteur était disponible en livre (elle ne l’est pas). Et je
suis tombée en première page de recherche sur un ebook gratuit. Je l’ai donc
téléchargé par curiosité et ouvert sur ma liseuse. La traduction est d’André
Bellessort, et je la trouve très belle. Pour en revenir au spectacle, je crois
qu’il est encore joué pendant quelques jours, courez-y !