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... Rues se coupant à angle droit..., Sara Vidal

Une nouvelle p'tite note invitée, celle de mon collègue Guillaume Atgé, libraire à L'atinoir, qui écrit lui-même sur Chroniques sur le vif et I drink aspartam et propose aujourd'hui la chronique de ... Rues se coupant à angle droit..., le dernier roman de Sara Vidal, paru en numérique aux éditions Appela Inc.

Sara Vidal ... Rues se coupant à angle droit...

... Rues se coupant à angle droit... est le dernier livre de l'écrivaine marseillaise Sara Vidal, enseignante retraitée, mais aussi intervenante dans le milieu associatif et culturel.

Comme son titre l'indique, c'est de rues, au pluriel, dont nous parle Sara Vidal, de rues marseillaises pour être précis, et plus exactement du quadrilatère que forment quatre rues se coupant à angle droit, rues Villeneuve, Lafayette, Jemmapes/Canonge et Gambetta, et de ce qu'il renferme comme existences, comme vies, comme trames souterraines inattendues et qui ne se dévoilent pas au premier coup d'œil.

Ce quadrilatère, avatar minuscule du quartier, abrite des personnages très variés, dont la narratrice, qui se souvient non sans nostalgie de ses 19 ans, mais aussi une tenancière de maison close qui aura pour surnom Canonge (comme une des rues), d'une foule de sans papiers, ou encore d'un maître d'école coranique aux visages multiples.

Ce polar urbain et poétique, classique dans sa forme et son style, dépeint avec brio ces vies anonymes, grâce à des sauts temporels dans l'histoire du quartier et celle des personnages.

... Rue se coupant à angle droit... mêle les thèmes de l'identité, de la sociologie des classes populaires, et une certaine critique du consumérisme et de la grande distribution qui imposent leurs standards aliénés et aliénants aux habitants – eux-mêmes aliénés aux identités trop rigides des institutions publiques –, à travers les cartes d'identité et autres extraits d'état civil.

Avec la perte des papiers d'identité de la narratrice justement, démarre une intrigue dont le dénouement surprendra le lecteur, dans la plus grande tradition des récits à suspense.

... Rues se coupant à angle droit... nous montre que derrières les apparences de bienséance et les devantures, se cachent mille vérités et mille masques pour ses habitants, dont la complexité réelle est bien moins carrée et rectiligne que n'ont voulu nous le faire croire les architectes de nos villes.