J'ai connu les éditions Le Berbolgru via la campagne
Ulule qu'elles ont lancée pour l'édition de ce numéro 6 de Madame (paru en mai dernier). Le
financement participatif est devenu une manière sympathique pour les éditeurs
de tisser des liens avec leur lectorat. Quand j'ai eu mon exemplaire de la revue
entre les mains, j'ai été contente d'y avoir un tout petit peu contribué,
indirectement. Un beau projet, puisqu'au début Madame était un fanzine, mais qu'aujourd'hui, c'est devenu une
revue de 200 pages, à laquelle ont participé 38 auteurs, et notamment le
talentueux Brecht Evens (couverture).
Du fanzine à la revue : un cabaret à feuilles ouvertes
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Madame 6 offre à ses lecteurs
un contenu hétéroclite. Images et textes, couleur et noir et blanc, poésie,
nouvelles, extrait de roman, cahiers de dessin, collages, photographie, photocopy art, bande dessinée...
Certaines propositions dialoguent entre elles, mais la plupart se suffisent. On
serait tenté de se demander où se situe l'unité de la revue, et selon quels
critères les œuvres ont été réunies. Mais on prendrait peut-être le projet par
le mauvais bout. Puisqu'en page une, on peut lire : « Madame est une
revue. / Madame est une meneuse de revue. / Madame est un grand cabaret plein
de pages. » Chaque proposition est donc recevable comme une entité,
puisque telle est l'orchestration voulue par l'éditeur.
Le goût de l’étrange
La plupart des œuvres compilées dans la revue ont en commun
un goût prononcé pour l'absurde, le trash, l'étrange, l'onirique, l'inquiétant,
la poésie et la fantaisie... (ce qui confère finalement à Madame 6 une certaine unité de
ton). Pour ma part, je n'ai pas tout aimé, notamment certains textes, un peu
trop dark. Mais d'autres étaient plus
à mon goût, à commencer par le passionnant Journal des rêves (Robert Crumb), ou encore I am (not) Leonardo (Christophe
Siébert) et Un Professionnel (Tristan
Séré de Rivières)... Côté images, le Cahier
de dessins de Benoît Guillaume, le beau dessin de Rebecka Tollens et les
surprenantes Créatures exotiques (Léa
Magnien & Miroslav Sekulic-Struja) m'ont bien plu.
Instantané éditorial
Un objet original, ce Madame 6... Qui mérite qu'on baisse la garde, et qu'on
accorde son attention à des auteurs qu'on ne connaissait pas, ou vers lesquels
on ne serait pas allé spontanément, car ils font partie – au même titre que
d'autres, plus médiatisés – du paysage littéraire/graphique contemporain.