
La Grande Villa : le lieu de la consolation
Ce texte, dont l’éditeur
nous dit qu’il s’agit d’un roman, raconte la relation entre une femme et un
lieu, ou plutôt leurs retrouvailles. Quand elle arrive, la
narratrice vient de perdre son père. Les larmes, les pensées envahissantes, la
mollesse du corps, l’impression de vacuité, l’écriture impossible... la Villa
des auteurs l’aidera à y faire face en devenant un refuge. Dans cette retraite
qu’elle s’accorde, dans la solitude, le deuil se fait petit à petit. Le
dialogue avec le père peut avoir lieu et des transmissions se faire. La villa,
que l’auteure compare à une vieille dame, est en effet le lieu de la
consolation : « Tu sais, la Grande Villa, c’est deux mains qui t’encadrent
le visage. Pas un mot, juste deux mains comme un grand coquillage ouvert et tu
te blottis dedans. »
Les mots disparus
Dans ce repli, la
narratrice est paradoxalement absente et présente au monde. Les dialogues engagés
ne peuvent avoir lieu que dans la solitude. Pourtant, parfois les mots se dérobent
et l’auteure se déclare fatiguée de percer les mystères, alors le vide s’agrandit,
et l’impression lui vient qu’elle n’aurait plus rien à dire. Mais c’est
finalement dans ce silence que va s’opérer une alchimie qui lui permettra de
retrouver le chemin de l’écriture. En s’exposant aux rayons du soleil, en
caressant les feuilles du platane à la fenêtre, en faisant entrer la nuit dans
sa chambre, en se sentant vivante au contact de ce monde extérieur vibrant, la
narratrice retrouve sa voix et le dialogue avec le père reprend : « La
nuit est là, entre le toit et les pattes des chats, au pied des fraisiers sur
la paille, partout, jusque dans le cœur serré des dahlias. Et on dirait qu’elle
veut prendre la parole. (...) Elle va chercher au plus profond, quelque chose
qui s’éveille et s’étire, quelque chose qui monte si doucement que peut-être on
n’entend pas. Elle va chercher ces mots-là, les jamais dits, qui viennent de si
loin (...). »