Où nous est racontée la suite de l’épisode marseillais de la villa Air-Bel dans laquelle s'étaient réfugiés les surréalistes pendant la Deuxième Guerre mondiale…
Dans Capitaine, Adrien Bosc fait le
récit de l’exil, en mars 1941, de plusieurs artistes et intellectuels français
et étrangers en Amérique. Au départ de Marseille, ils embarquèrent sur le même
cargo, le Capitaine Paul Lemerle. Parmi eux : André Breton, Anna Seghers,
Claude Lévi-Strauss, Victor Serge, Wifredo Lam, Germaine Krull... Puis en
Martique, à Port-au-Prince, où le bateau finit par arriver, l’écrivain nous
raconte la rencontre de Breton avec Suzanne et Aimé Césaire...
Capitaine se situe quelque part entre le roman, l’enquête, le journal...
L’auteur avance à tâtons dans cette période noire de notre histoire,
questionnant les documents, supposant des rapprochements entre les individus,
imaginant ce que furent ces journées jusqu’ici jamais racontées.
Un livre qui décrit bien l’arbitraire qui régnait alors. Chaque réfugié était
livré, tel un pion, aux caprices du hasard, à la volonté d’individus ignorants,
mais tout puissants. Quand d’autres ne pensaient qu’à tirer parti
financièrement du trafic de ces émigrés politiques. Mais Adrien Bosc raconte
aussi la camaraderie entre les passagers, les jeux, les débats, au-delà de la
tension ambiante.
Pourtant la lecture de Capitaine peut
s’avérer parfois laborieuse. La faute à une langue trop écrite et à une préciosité du ton qui étonne et
finit par lasser. Il y a aussi ces textes épars (correspondances, journaux)
dont les sources ne sont pas toujours indiquées, et qui ne sont pas vraiment
imbriqués au récit... le document interrompt la narration.
Heureusement l’épilogue sauve le livre et lui confère une unité qui lui
manquait jusque-là. L’écrivain y explique sa démarche, son goût pour le hasard
qui enchevêtre les éléments épars, et la nécessité d’une écriture ouvrant un
dialogue entre le passé et le présent, entre l’enfance et ses échos...
Enfin, une des qualités du livre est de donner envie... de relire Breton,
Lévi-Strauss, d’admirer les photos de Germaine Krull, les peintures de Wifredo
Lam. Bref, de continuer à côtoyer ces artistes.
Merci à NetGalley et aux éditions Stock pour ce service de presse.