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Le Dahlia noir, de James Ellroy : une réception difficile en 2024

True crime et reconstitution romanesque... des ingrédients a priori engageants. Pourtant la lecture du Dahlia noir est pénible. Tentons toutefois d'analyser les choix de narration de James Ellroy à la lumière de sa biographie et de sa méthode de travail, toutes deux singulières. Les vertus de la reconstitution romanesque Tout d’abord, reconnaissons au roman le mérite de proposer une hypothèse dans l’affaire du Dahlia noir. L’auteur a imaginé une résolution possible de l’enquête sur l’horrible assassinat d’Elisabeth Short en 1947, à Los Angeles. Une version fictive des faits qui a le pouvoir d’éloigner un peu l’angoisse qui nous saisit à la pensée de l’inimaginable barbarie dont fut victime cette femme. La forme de la reconstitution romanesque éloigne l’horreur informe et calme l’esprit effrayé par l’impunité d’un tel crime. L’autre qualité à mentionner est d’avoir inclus dans ce déroulé possible des événements les bouleversements urbanistiques qui eurent lieu à Los Angeles en 194
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Trois femmes disparaissent, d'Hélène Frappat : pleurer pour des actrices héroïques

Dans son dernier livre, Hélène Frappat mène l'enquête : pourquoi les parcours cinématographiques des actrices Tippi Hedren, Melanie Griffith (fille de Tippi) et Dakota Johnson (fille de Melanie) ont-ils tous pour point commun le motif de la fuite ? Tippi, la proie du prédateur Hitchcock La première femme dont il est question dans Trois femmes disparaissent, Tippi Hedren, a joué dans deux films d'Alfred Hitchcock : Les Oiseaux (1963) et Pas de printemps pour Marnie (1964). Le personnage de détective derrière lequel se cache l'autrice raconte le harcèlement sexuel dont l'actrice a été victime. Hitchcock, fascinée par elle, exerça un contrôle absolu sur tous les aspects de sa vie, tenta de la violer et la maltraita sur les tournages. Dans Les Oiseaux , la scène du grenier dans laquelle le personnage est attaqué par les volatiles devait avoir lieu avec des oiseaux mécaniques, mais au dernier moment ceux-ci furent remplacés par de vrais oiseaux attachés par des élastiques

Hollywood ne répond plus, d'Olivier Rajchman : dans les rets de la légende

Hollywood ne répond plus, du journaliste et historien du cinéma Olivier Rajchman, est un livre hybride. Cet essai historique emprunte aux genres de la chronique people et de la critique de film. Son sous-titre, Le Crépuscule de l'âge d'or , annonce son ambition : faire le récit de la fin du Vieil Hollywood, à travers le prisme des difficultés rencontrées par la 20th Century Fox au tournant des années 60. Pour aborder ce sujet, Olivier Rajchman a choisi de raconter les tournages de trois films produits par la Fox à cette période : Something's got to give (1962) de George Cukor, Le Jour le plus long (1962) de Darryl Zanuck, et Cléopâtre (1963) de Joseph Mankiewicz. Le premier est resté inachevé, interrompu par la mort de Marilyn Monroe. Le second, produit par l'ancien patron omnipotent de la Fox, fut le premier film de guerre consacré au débarquement américain en Normandie. Quant au troisième, il est considéré par Olivier Rajchman comme le dernier grand chantier du Vie

La Dernière Ville sur terre, de Thomas Mullen : il y a un siècle, une autre pandémie...

Le premier livre de Thomas Mullen, paru en 2006 aux États-Unis, vient de sortir en France. La Dernière Ville sur terre est un roman historique dont l’action se passe en 1918, au moment de l’épidémie de grippe espagnole, de la contestation antimilitariste et des conflits sociaux dans l’industrie du bois américaine.

Le Monde après nous, de Rumaan Alam : de l'abondance à la catastrophe

Le troisième livre de l'écrivain américain Rumaan Alam explore les ressorts de la peur en situation de catastrophe. Un huit clos palpitant dont l'adaptation pour Netflix devrait voir le jour en 2023.

En route pour la gloire, de Woody Guthrie : itinéraire du premier clochard céleste

En route pour la gloire est le titre de l'autobiographie du folksinger américain Woody Guthrie (1912-1967). Il l'a emprunté à celui d'un chant de gospel apparu dans les années 20 : This Train is Bound for Glory , qui devint une chanson populaire reprise notamment par Johnny Cash, Bob Dylan ou encore Bob Marley. Au début du livre, Woody Guthrie voyage sur le toit d'un train de marchandises et il entend d'autres hobos chanter cette chanson : « Ce train emmène pas de joueurs,/pas de menteurs, de voleurs ou de baroudeurs./Ce train est en route pour la gloire,/Ce train ! » Frigorifié, trempé, en proie au doute, il s'interroge alors : « Je me demande bien vers quel enfer nous sommes en route », et « Qu'est-ce que je suis censé faire ici ? »... C'est ainsi que, pour répondre à ces questions, il commence à dérouler le fil de sa propre histoire.   Photo : Dorothea Lange, Migrant sur une route californienne , Californie, 1935 (issue du livre ci-dessous mentionné)

Mount Terminus, de David Grand : le roman des origines de Los Angeles

David Grand a mis 11 ans à écrire Mount Terminus . Il écrit à ce propos dans les Remerciements : « Mes processus, semblait-il, étaient davantage en harmonie avec le temps géologique qu'avec le temps de l'édition. » On saluera son sens de l'humour ! Mais il se trouve que son roman a justement à voir avec la géologie, celle du bassin de Los Angeles, qui connut de gigantesques bouleversements lorsque les hommes décidèrent de l'aménager au début du XX e siècle. Plus précisément, c'est dans le cadre des épisodes de l'arrivée de l'eau à Los Angeles et de la naissance de l'industrie cinématographique que l'auteur situe son histoire. De l'optique au cinéma Mount Terminus raconte l'histoire de deux frères longtemps séparés, Joseph et Simon, qui se retrouvent à la mort de leur père Jacob Rosenbloom. Une montagne de secrets pèse sur leur relation. Mais une chose les rapproche : le cinéma. Leur père, un opticien passionné, fut autrefois l'inventeur